Les Voix de l'Opéra
La Voix
La voix humaine est au fondement même de l’opéra : c’est un instrument bien étrange et unique. Chaque homme ou femme naît avec un certain type de voix, qui peut ensuite évoluer avec l’âge et les rôles choisis, pour le meilleur ou pour le pire. Certains affirment que tout le monde serait capable de chanter de l’opéra, à la condition de trouver un professeur de chant suffisamment compétent. Toutefois, il faut bien admettre que certains ont plus de facilités que d’autres… et que certains timbres sont d’une beauté exceptionnelle. Toutefois, même les voix dites « naturelles » ne sont rien sans un travail et un entraînement acharnés.

Les types de voix
La tessiture se définit par l’ensemble des notes qui peuvent être émises par une voix de façon homogène (même volume, même qualité de timbre et d’harmoniques). Le travail de la voix peut permettre d’étendre la tessiture dans les graves et dans les aigus.
D’autres facteurs sont également à prendre en compte dans la qualification d’une voix : couleur et qualité de timbre (clair, sombre), puissance, souplesse, capacité d’endurance du chanteur, etc.
On distingue traditionnellement plusieurs classifications de voix qui peuvent ensuite être affinées en fonction de différents facteurs. Aucune classification n’est réellement « étanche », et les frontières entre chaque type de voix sont relativement floues. Toutefois, une basse ne pourra jamais devenir un ténor, ni une soprano léger colorature une alto (encore que…).
Notons que les voix d’opéra et de théâtre possèdent le singing formant : un renforcement de fréquence dans les harmoniques qui permet de passer un orchestre.
Elles possèdent également un vibrato : oscillation de son, de fréquence et d’intensité qui enrichit le timbre. Les voix non cultivées sont souvent droites, sans oscillation. Cela s’acquiert avec le travail, de même que la capacité à tenir des notes longues.
Les médecins distinguent plusieurs façons d’émettre des sons vocaux, en rapport aux différents modes de fonctionnement du larynx (dits « mécanismes ») :
- Voix de poitrine : le larynx est descendu dans la gorge ; les sons sont timbrés.
- Voix de tête (ou « falsetto ») : le larynx est monté ; les sons sont plus minces et légers.
Les voix de femmes
Soprano
Voix féminine la plus aiguë. On en distingue de nombreux sous‑types.
Soprano léger
Voix claire, aérienne, juvénile, très souple et virtuose, souvent peu puissante. Le terme colorature s’emploie pour les sopranos capables d’une grande virtuosité dans les aigus et suraigus.
Exemples : Lily Pons, Mado Robin, Natalie Dessay, Patricia Petibon, Sabine Devieilhe. Rôles : Cunégonde (Candide), Olympia (Les Contes d’Hoffmann), Lakmé (Delibes)…
Soprano lyrique léger (soubrette)
Timbre clair mais plus charnu qu’un soprano léger.
Exemples : Elisabeth Schwarzkopf, Edita Gruberová, Kathleen Battle, Diana Damrau. Rôles : Gilda (Rigoletto), Manon, Zerbinetta (Ariane à Naxos)…
Soprano lyrique
Le plus courant : médium charnu, présence dans les graves et les aigus.
Exemples : Anna Netrebko (jeune), Angela Gheorghiu, Renée Fleming. Rôles : Marguerite (Faust), La Comtesse (Les Noces de Figaro), Pamina, Micaëla…
Soprano lirico‑spinto (grand lyrique)
Voix puissante capable de tenir face à de grands orchestres (Verdi, Puccini…).
Soprano dramatique
La plus puissante dans tous les registres ; grave de mezzo, aigus moins faciles.
Soprano drammatico di agilità
Sombr e, dramatique mais agile (bel canto romantique : Bellini, etc.).
Mezzo‑soprano
Voix féminine plus grave que soprano, puissance dans les graves, moins d’aigus.
Mezzo‑soprano léger
Souvent pour les rôles travestis (pages espiègles : Stéphano, Siebel, Chérubin…).
Mezzo colorature
Mezzo léger très agile (Rossini).
Exemples : Cecilia Bartoli, Teresa Berganza. Rôles : Angelina (La Cenerentola), Rosine (Le Barbier de Séville).
Mezzo dramatique
Voix éclatantes, puissantes, souvent pour des rôles sombres et forts.
Soprano « Falcon »
Entre soprano et mezzo : chaleur de mezzo et aigus étendus.
Contralto (alto)
Voix féminine la plus grave, rare ; parfois remplacée par un mezzo dramatique.
Exemples : Kathleen Ferrier, Marie‑Nicole Lemieux.
Les voix d’hommes
Le castrat (historique)
Jeunes garçons castrés avant la puberté à l’époque baroque ; voix de poitrine de tessiture aiguë, mais puissance d’un corps d’homme. Disparus au XIXᵉ siècle.
Contre‑ténor
Falsettiste utilisant surtout la voix de tête ; reprend souvent des rôles de castrats.
Ténor
Figure majeure au XIXᵉ siècle ; aigus en voix de poitrine devenus la norme.
Haute‑contre
Ténor léger du répertoire français ancien ; aigus en voix mixte (« falsettone »).
Ténor léger (mozartien)
Timbre clair et fluide, souplesse et délicatesse ; virtuose au début du XIXᵉ.
Ténor lyrique
Beaux phrasés, souplesse et aigus victorieux ; héros et amoureux.
Ténor lirico‑spinto
Plus sombre et ample ; pour Verdi, Puccini, véristes.
Ténor dramatique (héroïque)
Voix large et percutante, moins d’aigus mais grande puissance et endurance (Wagner).
Heldentenor (wagnérien)
Ténor héroïque wagnérien ; timbre proche du baryton, forte endurance.
Ténor de caractère (Trial)
Acteur‑chanteur pour les petits rôles comiques/secondaires (Mime, etc.).
Baritenor
Emplois belcantistes exigeant des graves assurés (entre ténor et baryton).
Baryton
Très courant ; amis, pères, maris trompés, grands rôles chez Verdi.
Baryton léger (« baryton Martin »)
À la limite du ténor (ex. Pelléas).
Baryton lyrique
Voix claire et puissante (Mozart, Rossini, Gounod…).
Baryton verdien
Voix sombre et vaillante ; aigu solide ; grands rôles dramatiques.
Baryton dramatique (Heldenbariton)
Timbre sombre, voix très puissante (Wotan, Hans Sachs, etc.).
Baryton‑basse
Entre baryton et basse : graves importants et aigu disponible ; « méchants » idéaux.
Basse
Rôles de personnages âgés, pères, rois, sages…
Basse chantante
Souple, avec des aigus plus faciles, rôles psychologiquement complexes.
Basse profonde
Graves impressionnants (Fafner, Grand Inquisiteur, Osmin, Sarastro…).
Basse bouffe / basse colorature
Pour les emplois comiques et/ou très virtuoses chez Rossini.
Les octavistes
Très rares basses russes chantant une octave sous la tessiture de basse.
Cette présentation n’a pas vocation à l’exhaustivité. Les classifications sont récentes et liées à l’histoire des styles ; chaque voix est unique.
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