Aventures festivalières
Une des aventures préférées des amateurs d'opéra consiste à fréquenter les festivals d'été.
Je voudrais vous faire découvrir mon propre périple: vous verrez que l'on peut à la fois aller à l'opéra et s'amuser!
L'été est propice aux festivals musicaux, et l'opéra n'est heureusement pas en reste!
Le fou d'opéra choisira de préférence les temples internationaux de l'opéra où il est (à peu près) sûr de retrouver les meilleurs interprètes du monde. Parmi les festivals d'opéra (et de musique instrumentale) les plus célèbres ont compte:
- Le Festival International d'Art Lyrique d'Aix en Provence
- Le Festival de Salzbourg en Autriche
- Le Festival de Glyndebourne en Angleterre
- Le Festival de Bayreuth, uniquement réservé aux oeuvres de Wagner (voir mon article)
D'autres festivals, considérés comme plus "populaires", ne présentent que 2 ou 3 oeuvres par an, mais nous font également bénéficier de la magie de lieux mythiques:
- Le Festival des Chorégies d'Orange
- Le Festival des Arènes de Vérone
La liste n'est pas exhaustive, on pourra aussi citer le festival de Bregenz, en Autriche, le festival Rossini de Pesaro...
Cette année, j'ai eu le privilège de pouvoir aller aux festivals les plus huppés d'Europe: le festival de Bayreuth et le festival de Salzbourg: robes de soirée et smokings de circonstance, et pourtant, aucun snobisme, une ambiance détendue et bon enfant. Incroyable!
Bayreuth: l'inacessible étoile
Cette année, j'ai réussi à assister aux répétitions générales du Festival de Bayreuth, réputé inaccessible.
En journée: tourisme et farniente au soleil, et le soir, Wagner! J'ai pu visiter la charmante ville de Bayreuth et j'ai découvert son charmant opéra baroque, classé depuis cette année au patrimoine mondial de l'UNESCO. L'intérieur, tout en bois, semble n'avoir pas changé depuis le XVIIIè siècle. Ce fut une plongée dans le passé où l'on n'aurait pas été surpris de voir apparaître au balcon une robe à crinoline!
L'opéra des Margraves, Bayreuth
Ensuite, je me rendais au spectacle, qui commence assez tôt à Bayreuth, 16 heures, pour y découvrir quelques merveilles musicales. Voici par exemple, Tannhaüser, dont le coeur des pèllerins est bouleversant.
Tannhaüser, le coeur des pèllerins
L'histoire de Tannhauser est assez complexe, mais avec un peu d'attention, on finit par comprendre.
L'action se situe au Moyen-Age, à l'époque de l'Amour courtois. Heinrich, un troubadour, hésite entre deux sortes d'amour: il est attité par l'amour charnel, incarné par Vénus, mais reste également en quête de pureté, incarnée par Elisabeth. Quand il est avec Vénus, il rêve de voir Elisabeth, et quand il doit chanter la gloire de l'Amour courtois, il se met à entonner un hymne à Vénus!
Les analyses possibles de Tannhauser sont innombrables, mais la musique elle, reste une des plus sublimes jamais composées.
...
Après l'opéra, je retrouvai des amis pour déguster un délicieux rôti de porc comme seuls les Allemands on le secret.
Une journée de libre entre deux opéras? Je partais à l'aventure à la découverte des châteaux et autres lieux à visiter aux alentours, et ils sont nombreux! Pourquoi ne pas aller par exemple jeter un oeil à la splendide Nuremberg toute proche?
Le lendemain, re opéra: cette fois, il s'agit du Lohengrin de Wagner, avec un des plus grands ténors wagnériens actuels: Klaus Florian Voigt... cela tombe bien, je l'avais croisé à l'entracte de Tannhaüser, en grande discussion avec Donald McIntyre, un des piliers du Festival qui interpréta à son époque Wotan dans une mise en scène de Patrice Chéreau demeurée célèbre. Donald est à la retraite mais est toujours là, à toutes les répétitions générales... et comme son nom est imprononçable, je l'ai baptisé MacGyver.
Klaus Florian Voigt Donald McIntyre
Le grand air de Lohengrin, "In Fernem Land" par Klaus Florian Voigt, ici filmé à Baden-Baden
La nouvelle mise en scène du Lohengrin par Hans Neuenfels est, à mon goût, absolument absurde mais Voigt nous offre une soirée inoubliable! J'en profite pour acheter son CD et le lui faire signer: il est très gentil et adore les Français!
Je reste quelques jours à Bayreuth car il est un évènement que je ne veux pas manquer: le Parsifal. Le dernier opéra de Wagner a été composé pour la salle de Bayreuth et pendant longtemps, il a été interdit de le jouer ailleurs qu'à Bayreuth!!! Une histoire de Graal absolument impossible à comprendre au premier abord, mais qui mérite vraiment qu'on lui prète un peu attention. Une fois que vous y aurez été initié, vous ne pourrez plus vous en passer!
La mise en scène est bizarre mais l'oeuvre sublime. Le son particulier de la fosse de Bayreuth lui convient à merveille. Elle reçoit une standing ovation. Un évènement dans cette salle!
Voilà, la semaine à Bayreuth est terminée. Quelques photos du coucher de soleil dans le grand parc où les habitants viennent s'étaler librement sur les pelouses et direction Salzbourg.
Mais non, ce n'est pas encore fini...je n'irai pas à la Première d'ouverture du Festival de Bayreuth, mais je peux aller à la cérémonie traditionnelle des wagnériens: l'hommage en musique sur la tombe de Wagner. Les choeurs du Festival, serrés au milieu des arbres dans quelques mètres carrés, entonnent des extraits wagnériens. Féérique et surréaliste!
Salzbourg, la si belle ville de Mozart
Je prends maintenant la route pour l'Autriche. En trois heures de voiture, je quitte Wagner pour Mozart.
La ville de naissance du compositeur est une des plus belles que j'aie jamais vues. Elle a un charme indescriptible. L'ambiance y est chaleureuse et détendue. Pendant plus d'un mois, elle est envahie de musique avec plusieurs concerts et opéras par jour, dans les salles de concert, dans les églises, ou même dans la rue: Siemens a installé un grand écran sur une place près de la cathédrale et y diffuse en direct les opéras du festival!
La première de La Bohème en direct sur grand écran
Au programme lyrique de la semaine: Ariadne auf Naxos de Richard Strauss. Je n'apprécie pas particulièrement cet opéra, mais je veux tout de même assister à la première et essayer de trouver des billets pour la répétition générale. La motivation est de taille: une prise de rôle de Jonas Kaufmann, un des plus grands ténors actuels.
Merci à Kaufmann, car, grâce à lui, je me suis forcée à écouter attentivement cet opéra et j'ai appris à l'apprécier. Une preuve de plus du fait qu'il est souvent nécessaire de se préparer pour apprécier totalement une oeuvre!
A la sortie, une petite séance d'autographes pour le féliciter et le remercier!
Autre évènement: la Flûte Enchantée (die Zauberflöte) la dernière oeuvre de Mozart qui fait l'ouverture du Festival dans une nouvelle mise en scène, moderne et intelligente. Elle a d'ailleurs été diffusée en direct sur ARTE. La représentation avait lieu dans la Felsenreitschule "l'école d'équitation de la falaise", un fond de scène qui semble creusé à même la roche, bâtiment surréliste et splendide.
Puis, encore un évènement sensationnel: une nouvelle version de La Bohème, avec la grande cantatrice Anna Netrebko. Là, aucun moyen d'avoir des places, alors, j'opte pour la répétition générale et la technique "Suche Karte", (le "suchecartisme" pour les initiés) qui consiste à aller à la pêche aux places, option qui s'avère positive car je me retrouve au quatrième rang de l'orchestre!
La direction d'acteurs est excellente, le décor spectaculaire et les interprètes parfaits. Anna Netrebko en particulier est une actrice exceptionnelle. Que rêver de mieux?
Quant à l'oeuvre, si vous ne connaissez pas La Bohème, je serais ravie de vous la faire découvrir!
Anna Netrebko et Piotr Beczala, Festival de Salzbourg 2012, La Bohème de Puccini
Dernière aventure: j'avais un ticket pour une version concert d'un opéra de jeunesse de Mozart que je ne connaissais pas: Il Re Pastore. A ma grande surprise, j'ai alors constaté qu'un des rôles principaux était chanté par mon ténor favori, une grande star du monde lyrique, et généralement peu habitué de ce répertoire: Rolando Villazon.
Deuxième surprise: la version "concertante" était agrémentée d'un jeu d'acteurs et de costumes, (et quels costumes!) ce qui a rendu la soirée fort agréable. Rolando Villazon était rayonnant comme à son habitude (dans le modeste rôle d'Alexandre le Grand) et la soprano Martina Janková, époustouflante.
Il Re Pastore de W.A. Mozart, saluts
Rolando Villazon a de nombreux fans: la foule se pressait à la sortie des artistes: les photos à faire signer étaient prêtes, et lui a tenu à saluer tout le monde, mais à force de patience, j'ai réussi à lui faire mon salut habituel.
Voici donc quelques unes de mes aventure musicales salzbourgeoises. Mais ne croyez pas que j'aie passé mon temps à l'opéra: la région regorge de lacs où l'on peut se rafraîchir les idées avant de se mettre en tenue de soirée et la ville est pleine de merveilles à découvrir. Le bonheur suprême est de pouvoir s'attabler à une terrasse du Mönchsberg qui domine la ville et s'extasier devant le panorama exceptionnel.
Mon périple vous fait envie? Et pourquoi pas vous? Mais pour cela, une préparation à l'opéra s'impose!
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